ma croix, ma dilatation ...

bon, je suis de retour en france, donc j'imagine que ma famille ne lit plus le blog, donc au bout d'un moment il faut que j'en parle, de LA chose qui pourrit la vie d'une trans au sortir de l'hopital, dès le premier jour,

amis pervers, passez votre chemin, rien de sexy ici en dépit de l'outillage utilisé;


LA DILATATION..

une des choses les plus étonnantes parmi les patientes présentes à l'hotel , c'est cette espèce de compétition étrange qui touche la profondeur vaginale, des fois j'ai l'impression que certaines se sentent comme frustrées de ne plus pouvoir chercher qui à la plus grosse, et se mettent du coup à chercher qui à le plus profond...

un léger relent de testostérone?
bref je m'en fous, avec mes pointes à huit pouces et pis de toute façon j'avais déjà la plus grosse avant... 
...héhé... :p
mais blague à part, tout ça naît peut-être aussi du processus que l'on découvre dès le retour à l'hotel, via une leçon donnée par une des hôtesses (oui, faut pas avoir trop honte d'être à poil déjà ... )
en effet point de répit puisqu'il faut, deux fois par jour au minimum, procéder à une séance de dilatation afin de ...dilater le greffon avant qu'il ne cicatrise, ceci se passe en deux temps



1/ dilatation statique

simple, il suffit de s'enfoncer un stent, et de le tenir appuyé grâce à une bande de vinyl bleue à la profondeur optimale (testée par le Dr suporn à l'enlèvement des bandages) et si possible même plus
le tout pendant une demi-heure d'inconfort et de douleur
ceci dure jusqu'à ce que le greffon commence à bien prendre, et donc s'épaissir, et donc, se rétracter... 

au début, on se dit que c'est la pire chose qu'on puisse imaginer lors d'une SRS, jusqu'à......


2/ dilatation dynamique

une fois que le greffon passe du stade de gruyère de papier a cigarette au stade de véritable peau, l'on passe à la dilatation dite dynamique, qui est... une vraie horreur
alors on annonce qu'elle ne dure que 15 minutes, c'est bien , MAIS elle commence une fois qu'on a atteint la profondeur que je vais dire "nominale" de chaqu'une donc au final ça dure quand même facilement une demi-heure ...

le tout en deux temps, d'abord, quinze secondes à effectuer une rotation au stent pour dilater disons l'ouverture du bazar,
et ensuite, quinze secondes à pousser le stent aussi loin que le permet la douleur .... puis re-touillage, puis re-poussage... et ça c'est hard
 dur de respecter le rythme des 15 secondes en finissant une poussée au bord de l'évanouissement, essouflée et les mains tremblantes ....
le tout à recommencer si possible trois fois par jour!

quelques semaines plus tôt , terrassée par la fatigue le soir, il m'est arrivée d'y passer deux heures faute d'arriver à atteindre la fameuse profondeur nominale (car il est bien précisé que si on n'y arrive pas, ça ne sert à rien ) et à passer de longues minutes de pauses à regarder le plafond et me demander ce que j'ai fait pour mériter ça... et "allez, j'y vais dans 1, 2.... non encore un p'tit peu et j'y vais..."
et donc au final terminer oui, mais en larmes, d'épuisement.


parce que bon, ok, ça fait mal, certes
mais en plus il faut se l'infliger soi-même , alors au fur et à mesure de l'intensité de la douleur, je sens mes bras perdre toute leur force, pas moyen d'aller plus loin, mais il faut pourtant ...


franchement je tire mon chapeau à celles qui doivent bosser dès 8 heures le matin au retour de thailande voire même se débrouiller à effectuer une séance pendant la pause déjeuner!




EEEET ce n'est pas fini, 

en effet une fois la dilatation effectuée, il convient d'aller prendre une petite douche du bas, en effet, à l'hotel, c'est un peu crade, outre le "ketchup" (mélange de gel et de sang inventivement nommé par moi-même , bien que d'autres ont certainement eu l'idée avant... :p) et diverses croutes intérieures à évacuer (après deux mois par contre plus rien de tout ça :) ) , il faut garder la zone à l'abri des bacteries et autres risques d'infections,

donc à l'hotel, lavement vaginal à la seringue (pas génial mais pas question de rentrer autre chose en profondeur à ce stade), 3 fois, et à la bétadine pour finir, puis nettoyage de la zone au savon antiseptique (hibiscrub) ensuite, séchage, et SOINS!
car non ce n'est pas fini, outre l'envie de juste s'écrouler dans son lit il faut encore se badigeonner les coutures à la bétadine avec un coton, et mettre un peu de crème dermazin , puis culotte avec un protège slip histoire de pas en foutre partout parce que sinon on vous fait payer la blanchisserie, ranger tout ce bordel, et enfin

coma !


chaque fois une plombe, un rêve de masochiste

une remarque quand même, Dr Suporn m'a prévenu lui-même en personne: PAS BESOIN DE LE FAIRE DANS L'AVION au retour, en effet certaines patientes paniquées à l'idée de rater une séance auraient essayé, j'ai surtout pas envie d'imaginer le résultat, mais heureusement si on en saute une, c'est pas la mort!

(je suis d'ailleurs en train d'en sauter une en ce moment même... :D ) 



par contre il faut par la suite continuer toute sa vie à dilater, moins fréquemment bien sûr, mais bon, impossible d'oublier ce qu'on est, même si mes rencontres tendent à me prouver le contraire , au-delà de ma compréhension (voire même celle du staff parfois... )


voilà, ça , c'est fait!