et si j'te poke tu veux être mon amie?
Aujourd'hui, une petite synthèse sur la progestérone, en effet, si pour les MTF, la nécessité des œstrogènes est indiscutable, celle de la progestérone est soumise à débat, mais pourquoi donc?
Il était temps d'investiguer !
La progestérone est généralement donné dans les milieux trans comme:
-anti-androgène
-antidépresseur
-répartiteur de graisses de façon plus féminine
-modificateur ou source de libido, "plus féminine"
et l'on dit qu'elle ralentit certes le développement de la poitrine, mais permet l'obtention d'une poitrine plus naturelle, ronde, et protège voire corrige le développement de seins dits "tubulaires" (qui peuvent être causés au passage par des taux trop hauts d’œstradiol, en effet un surplus d'hormones peut stopper le développement, où induire ce genre de "demi-croissance" inesthétique )
Tout ça est
relativement vrai, mais ce n'est qu'une partie de la vérité, en effet jetons un œil aux effets de la progestérone chez les femmes:
- préparer et maintenir la gestation, via divers effets sur le système reproducteur femelle c'est son rôle principal, mais inutile de s'étendre sur le sujet ici
- androgène, et anti-androgène
l'effet de la progestérone est décrit comme léger en tant qu'anti-androgène, en effet, en l'absence de testostérone, à forte dose elle peut même avoir un effet androgène, bien qu'elle réduise l'effet de la testostérone
- anti-oestrogène
pour résumer, la progestérone accélère la conversion et l'élimination de l’œstradiol
- dans la poitrine, induit le développement des acini, et inhibe le développement dû à l’œstradiol
la progestérone réduit le nombre de récepteurs d'estradiol et donc l'effet de ce précieux œstrogène, elle stoppe de ce fait le développement mammaire anarchique tel qu'il peut l'être sinon,
quand aux acini, ce sont les lobules qui constituent les culs-de-sac au bout des canaux galactophores, et qui sécrètent le lait.
Ces deux derniers points sont négatifs pour les trans, ils s'opposent ni plus ni moins au changements espérés lors de la puberté n°2 , la question que l'on peut donc se poser est
"Mais alors pour la répartition des graisses et la poitrine ronde et naturelle?"
La réponse risque de ne tourner autour que d'un simple concept:
l'appétit.
La progestérone ayant pour très simple effet d'augmenter le métabolisme, l'appétit, et en règle général de favoriser la prise de poids,
plus de poids = plus de graisses = plus de poitrine et de hanches
Puberté :
Nous trans provoquons une seconde puberté pour notre corps, alors autant regarder un petit peu comment se déroule une puberté femelle:
Chez la fille XX, la puberté commence normalement autour de 11 ans (ça peut être 8, ça peut être 13.. bref considérons 11 comme une moyenne de référence)
Avant la puberté, les filles ont déjà un taux d’œstradiol légèrement supérieur aux garçons (1.6 +/- 2.6 pg/ml chez les filles, contre 0.4 + 1.1 pg/ml chez les garçons)
De 11 à 15 ans, l’œstradiol est responsable de la puberté féminine au même titre que la testostérone chez les garçons, à ce stade, la fille ne produit pas de progestérone, elle à le temps d'avoir ses premières règles, et même de traverser les 4 premières étapes de
l'échelle de tanner puis, vers 14-15 ans l'ovulation commence de concert avec justement, l'apparition de la progestérone
(en effet les premières règles sont non-ovulatoires, et pour 10% des filles il s'écoule même pas moins de 6 ans entre l'apparition des règles, et l'ovulation. )
Cette dite progestérone est donc absente de l'organisme jusqu'à l'étape 5 de l'échelle de tanner,
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avec un graphique c'est toujours plus évident |
Conclusion: l'apparition de formes féminines est due exclusivement aux œstrogènes, et sachant que chez la trans, ces dits changements sont situés autour de la répartition des graisses (car croissance terminée en général) c'est bien l'estradiol qui répartit les graisses, qui constituent par exemple 80% du volume mammaire.
La progestérone, elle, apparaît lorsque la majorité des transformations de la puberté sont effectuées, au moment ou son effet anti-estrogène n'est plus pertinent, au moment ou elle n'a plus rien à ralentir ni à bloquer ou limiter, puisque c'est déjà fait
Intéressant aussi: la fille XX à des taux d’œstradiol relativement faibles au début de sa puberté, puisqu'elle peut dit-on atteindre l'étape tanner 4 avec des taux d'estradiol du même niveau que l'homme adulte (40pg/ml) , la raison pour laquelle les garçons n'ont pas de seins, est simplement que la testostérone empêche ce développement,
Donc on peut facilement supposer que le plus important en début de transition est la suppression de la testostérone (et DHT), (théorie appuyée par le bonnet C de certains hommes sous traitement anti androgène pour d'autres raisons qu'une transition. )
Taux moyens de progestérone:
phase folliculaire : 0.2 -1.4 ng/ml (dure 14 jours, taux similaires aux taux mâles.)
phase lutéale : 3.3 - 25.6 ng/ml (7 jours de HAUSSE du taux)
puis phase ischémique (7 jours de BAISSE du taux pour revenir au taux folliculaire)
grossesse : 11.2 - 422.5 ng/ml
ménopause : 0 - 0.7 ng/ml
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taux de progestérone plasmatique sur un cycle |
Ce qui nous donne une production seulement sur 14 jours dans le mois, mais en plus de ça une production non-linéaire, puisque à son maximum uniquement autour du 21eme jour du cycle
Conclusions:
1/ il n'y a à-priori pas de raison de prendre de progestérone plus de 15 jours par mois, ou à un dosage qui équivaudrait à une production sur 28 jours
2/ d'un point de vue physique, la progestérone est inutile,
voire néfaste à la 2nde puberté pendant un minimum de 2 ans, ou plus selon l'efficacité de l'estradiol
Anti-depresseur?
L'état dépressif est généralement accompagné de taux bas de sérotonine, et il se trouve que les œstrogènes bloquent une des enzyme (monoamine oxidase - MAO) qui dégrade la sérotonine.
Les progestatifs, au-contraire, augmentent la concentration de MAO, et ont donc une tendance à réduire indirectement les taux de sérotonine , donc au contraire à induire dépression et irritabilité
certes, la progestérone n'affecte l'activité de MAO
qu'en présence d'estrogènes, mais c'est notre cas.
Donc l'effet anti-depresseur de la progestérone semble tenir de la légende urbaine, alors d'où vient-elle?
En fait, la progestérone est connue pour alléger la dépression
de cause hormonale en régulant les effets hormonaux qui causent le syndrome pré-menstruel, dépression post-partum, ou comme traitement de la ménopause.
La progestérone à également un effet calmant, voire assommant, et peut donc générer un état euphorique (certaines personnes, dont moi, sont littéralement "pompette" après la prise orale de progestérone)
Donc, la progestérone: poison ?!
Mais non! arrêtons de penser que tout doit être "soit bon, soit mauvais", la progestérone, comme les autres molécules utilisées comme médicament, à des effets qui sont utiles ou pas selon les cas, et des contre-indications qui sont problématiques ou pas selon les cas.
Et sur le long terme, la stimulation du cerveau par les œstrogènes n'est pas forcément bénéfique, en effet cette stimulation donne une impression d'énergie, mais cause aussi des dégâts dans le cerveau, et est même suspectée d'être une cause de la maladie d’Alzheimer
Certaines études tendent à démonter l'importance de la progestérone dans le cerveau (qui en produit également) pour contrebalancer ces effets, les cellules cérébrales contenant une forte concentration de progestérone se réparent en effet plus vite, et des études sur les animaux démontrent que les taux d'exposition pré-natale à la progestérone correspondent proportionnellement à la taille du cerveau de l'individu, et sa faculté d'apprentissage, et l'on rapporte des cas de femmes et d'hommes dont les facultés mentales furent restaurées sous traitement de progestérone en gel .
La progestérone est aussi bénéfique car elle:
- stimule le développement osseux / empêche l'ostéoporose
- résout certains problèmes de peau (acné, séborrhée, rosacée, psoriasis, kératoses... )
- favorise la production de myéline, qui sert d'enveloppe et protège les fibres nerveuses
A part ça, ses effets bénéfiques témoignés par des trans tiennent surtout de sa propension à annuler les effets d'un sur-dosage d'estradiol
(arrêt de la pousse mammaire, interférences avec la thyroïde, rétention d'eau, ou même perte de cuivre et de zinc causant dépression, sautes d'humeur, ou stress... un article à part entière pourrait venir sur le sujet )
De ce fait, il est aussi possible que les témoignages d'effets positifs évidents de la progestérone viennent simplement de trans qui prennent trop d’œstradiol, prudence en les lisant donc
CONCLUSION
Finalement la conclusion de tout ça reste assez logique:
la progestérone peut être pertinente à faible dose, tel un traitement classique de la ménopause, (et en considérant l'absence d'utérus cependant ), une fois les changements de la puberté n°2 installés , soit entre 2 et 6 ans après le début de la THS
Mais je pense qu'il est une mauvaise idée de la conseiller dès le début d'une transition, les seules raisons que j'y trouve sont financières (les finastérides sont chers) ou idéologiques (l'androcur castre aussi les délinquants sexuels, la progestérone est "naturelle" etc... ), mais pas efficaces ni logiques
(à suivre: dossiers sur l'estradiol mal dosé, et sur l'acétate de cyprotérone ! yayy ! )