"Le monde souffre énormément.
Non pas à cause de la violence des gens malsains,
mais à cause du silence des gens braves "

jeudi 14 avril 2011

Identity: 3eme partie

 le mini feuilleton continue!

partie 1

partie 2




"Il y a une autre option," fit remarquer sa mère.

"je ne veux pas te pousser à quoi que ce soit, mais ça voudrait dire que ton corps ne serait pas si malmené, tu pourrais utiliser l'argent pour aller au lycée tu pourrais même avoir des enfants un jour. ça ne me déplairait pas d'avoir des petits-enfants.


Son père lança un regard à sa mère qui la fit taire.

"Qu'est-ce que vous voulez dire?" s'enquérit Faye, ses yeux cherchant une réponse de sa mère à son père.

"Il y a une nouvelle opération que tu peux avoir." Son père avança dans son fauteuil. "Ça se fait depuis quelques années"

"Il n'y a aucun risque," assura sa mère, "Beaucoup de filles avec ton problème l'ont eue"

"Quel genre d'opération?" Faye n'aimait pas la tournure de tout ça

"Ça voudrait dire que ton corps ne te déplairait plus autant" Sa mère semblait remplie d'espoir. "En fait, tu apprécierait de grandir avec"

Faye tentait de comprendre où ses parents voulaient en venir "Quel genre d'opération?" elle répétait.

"Ça à quelque chose à voir avec la façon dont ton cerveau est câblé" dit son père

"De la chirurgie du cerveau??" s'indigna Faye, choquée que ses parents puissent suggérer une telle chose.

"Tu serais toujours toi" assurait sa mère

"Enfin en majeure partie," corrigea son père

"Oh, arrête de l'effrayer!" pesta sa mère, puis faisant face à Faye, elle ajouta "tu serais toujours la même personne, tu serais juste...enfin...  un garçon ."

Avant même de comprendre, Faye décampa de la pièce. Elle monta les marches en courant, n'en voyant qu'un désordre flou à travers ses larmes, et claqua la porte de sa chambre avant de se jeter dans son lit, les yeux dans son bras.

Lorsque elle se laissa enfin pleurer sans retenue, c’était un une sorte de soulagement . Elle se laissait aller, laissant la douleur déferler sur elle. Le tas de peluches à son coté n'offrait aucun réconfort, leur présence semblait tout à coup puérile. Ses parents pouvaient bien lui dire à quel point ils l'aimaient, elle avait le sentiment que tout ce qui comptait pour sa mère était d'avoir des petits-enfants.




---




"Alors, qu'est-ce que tu a pensé de lui?" demanda Rebecca en s'asseyant sur son lit, le dos contre le mur.

"Qui?" demanda Faye. Elle fit un effort pour arrêter de fixer éberluée les tresses parfaitement bouclées de sa meilleure ami et redescendit de sa rêvasserie.

"James" dit Rebecca, balançant sa tête en arrière en signe de frustration.

"Oh." Faye sortit le disque argenté de sa poche et lui donna. "Merci."

"Tu va pas échapper à la question si facilement!" Rebecca prit le disque et le posa sur une pile, sur la commode près de son lit.

"J'sais pas.." dit Faye dans un haussement d'épaule" Il est ok, j'imagine"

"Juste OK?" demanda Rebecca incrédule.

"C'est pas comme si je voulais avoir des enfants avec lui ou quoi..." rajouta Faye

"Bon sang, t'aimes pas Toby, t'aimes pas James, mais qui est-ce que tu aimes donc ?" Rebecca grimaça le temps d'une seconde

"Je t'aime toi" fit remarquer Faye

"Ouaip, mais pas aimer Aimer, pas comme on aime les garçons."

Faye fit un effort pour détourner son regard des douces joues et des parfaites lèvres de Rebecca. "Qu'est-ce qu'ils ont de si bien, les garçons, de toute façon?"

"Ils ont leur moments" dit Rebecca. "Enfin quelques une en tout cas. Peut-être pas ceux de la classe, mais peut-être quand ils seront plus vieux "

"Ça risque d'être long." Faye gardait les yeux fixés sur le sol.

"Il leur faut juste quelques années de plus pour grandir, c'est tout. Laisse-leur du temps, tu verras . Et puis, si tu t'aimais pas les garçons, alors tu aimerait qui ? "


"Faye!" appela la mère de Rebecca depuis le rez-de-chaussée. "Ta mère est la!"

"Faut que j'y aille." Faye se leva. "Merci pour l'épisode de Fryer."



"Y'à pas de quoi." Rebecca l' observait du même regard que celui avec lequel elle regardait les chenilles et les papillons, les yeux concentrés de curiosité bien intentionnée. Pendant une seconde, Faye oublia de s'inquiéter du choix qu'elle avait à faire, et de de combien elle pouvait en dire à Rebecca, et se laissa juste perdre dans son sourire.




---




Faye regardait ses posters familiers de chanteuses de rock en s'allongeant dans son lit, perdue dans ses pensées.



D'un coté, elle ne voulait pas mourir. Elle se rendait compte que la personne qui se remettrait de cette chirurgie du cerveau, qu'importe sa gentillesse, qu'importe son bonheur, ne serait simplement plus elle.  Bien sûr, il lui ressemblerait comme un frère, et il garderait ses souvenirs comme une étrange réminiscence, mais il aurait d'autres motivations, d'autres ambitions, une approche différente de la vie. N'est-ce pas?

En plus, elle ne pouvait supportée l'idée de donner à un complet étranger, quelqu'un qui n'existait même pas encore, tous ses bagages émotionnels. Les souvenirs d'avoir essayé de faire face à son défaut de naissance, d'avoir essayé de le comprendre, et d'avoir été constamment  harcelée à l'école à cause de ses différences... Elle n'en voulait pas elle-même, et l'idée d'handicaper quelqu'un de ces souvenirs la faisait grincer des dents.

D'un autre coté quelqu'un d'autre aurait de bien meilleures chances qu'elle de trouver le bonheur. Il hériterait de ses cicatrices psychologiques, mais pas des dizaines, physiques, que la chirurgie lui infligerait. Peut-être son enfance paraîtrait aussi distante et irréelle qu'un épisode de Digitac.

Donc son choix était soit de grandir pour devenir une femme sans grande estime de soi, et un corps malformé, ou offrir le reste de sa vie à un garçon, qui -hormis d'étranges souvenirs- pourrait être plutôt normal. Sa vie serait certainement plus facile, surtout s'il voulait sortir avec des filles.


Elle attrapa son oreiller, le serra fort et se mit en boule. Pourquoi cela devait-il lui arriver à elle? Elle n’était qu'une fille qui essayait de vivre une vie normale.


A la fin, elle prit une décision. En son fort intérieur elle était assez sûre que c’était la mauvaise, mais c’était la seule qui s'imposait.


A SUIVRE !





demain, la fin !

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire