"Le monde souffre énormément.
Non pas à cause de la violence des gens malsains,
mais à cause du silence des gens braves "

mercredi 13 avril 2011

SUITE de l'histoire

 suite de l'histoire de l'autre jour :

Baissant les yeux sur elle-même, Faye soupira mélancoliquement. Au moins, elle s’était extraite de sa veste, blouse, jupe en polyester, et des bas opaques qui constituaient son uniforme scolaire. A la place, elle portait un top rose clair sur un soutien-gorge rembourré - comme si ça pouvait duper qui que ce soit - et une minijupe en jean, des vêtements dans lesquelles elle ne craignait pas d' être vue, mais cela ne changeait rien au fait que les autres filles avaient raison: elle était plate .

Elle ouvrit un tiroir de sa commode près de son lit, souleva une pile de magazines brillants, et retira le disque Digitac dont elle aurait été incapable de parler à quiconque

Sur l'étiquette elle pouvait lire "Démonstration d'exercice Kelly Travis" . Il avait été offert dans une boite de céréales, du genre sans sucres. Il était supposé démontrer que faire de l'exercice dans les salles de gym "Kelly Travis" n'etait pas aussi difficile que ça en a l'air.
Faye éjecta le disque Helen Fryer et jeta sur le lit à coté du lecteur, puis glissa le disque Kelly Travis et appuya sur "play" 


Quelques secondes plus tard, elle courait sur un tapis de marche, face à un grand mirroir. Elle pouvais sentir sa propre sueur, forte et tenace, mais ce n’était pas important. En refermant ses yeux, elle voyait son propre visage, ou du moins, celui d'une actrice sans nom, ses yeux bleus la regardant à travers sa frange blonde, souriant avec la détermination et sachant qu'elle pourrait se dépasser cette fois. Les actrices de Digitac souriaient presque tout le temps. Elle pressa quelques boutons sur le tapis, qui bipa en réponse, tandis-que le moteur accélérait.

Ses muscles devinrent rapidement douloureux, mais ça valait le coup. Elle pouvait ressentir chaque centimètre carré de son corps parfaitement développé et défini. Chaque pas la remplissait de cette satisfaction qu'elle ne pouvait atteindre dans la vraie vie. Elle était souple et mince, mais plus dangereusement maigre. Elle était bien formée, avec des courbes qu'elle ferait n'importe quoi pour obtenir dans la vraie vie. 

Soudain, Faye sentit une main sur son épaule. Elle pressa encore le bouton STOP et ouvrit les yeux


"Ton père et moi nous voudrions te parler quand tu auras une minute" Sa mère se tenait près du lit, les yeux baissés sur Faye
"Qu'est-ce que j'ai fait?" protesta Faye
"Rien du tout voyons."
 Faye plissa les yeux vers sa mère, protégeant ses yeux de la lumière de la pièce avec sa main."Qu'est-ce qu'il y a alors?"
Sa mère soupira de frustration. "S'il te plaît, viens"

Le temps que Faye arrive au salon, la télévision était éteinte. Ses parents étaient assis, silencieux, face à la cheminée, qui était toujours couverte des carte d'anniversaire de Faye 

"Assieds-toi donc, ma puce" suggéra sa mère

Faye s'assit dans le canapé, face à ses parents. Ils avaient un air solennel, comme lors de la mort de son oncle.

Sa mère se racla la gorge. "Tu sais que tu est... différente des autres filles?" 

"j'aime pas Helen Fryer autant qu'elles," suggéra Faye

"Non, pas ça" coupa sa mère, d'un ton frustré. 

"Ton corps," commença son père, ayant presque l'air de s'excuser. "Tu sais, la raison pour la quelle tu révises tes maths pendant que tes amis ont natation."  

"Oh." Faye réalisa soudainement où ils voulaient en venir. "ça." Elle baissa les yeux vers le tapis en laine

Des années plus tôt, ils avaient eu une conversation similaire. Ils lui avaient expliqué comment tous les bébés passent des tests médicaux désormais, depuis que le gouvernement privilégiait la prévention à la guérison.
Lors de son examen, le scanner haute-définition avant apparemment révélé qu'elle était une petite fille en parfaite santé, en dépit de son corps de petit garçon en parfaite santé.

 C'était un problème vieux comme le monde, lui avaient dit ses parents. Elle avait eue beaucoup de chance d’être née à ce moment, puisque seulement quelques dizaines d'années plus tôt, les gens touchés par son trouble devaient s'en sortir par eux-mêmes pendant parfois des dizaines d'années voire même tout au long d'une vie d'angoisse

De nos jours, c'est un problème dont votre docteur parle aux parents à la naissance

"je sais que tu n'aimes pas vraiment ton corps," dit son père.
"Je ressemble à un monstre" marmonna Faye.

"C'est pas vrai" dit sèchement sa mère. "Tu es aussi adorable que toutes tes amies"
Faye ne prit pas la peine de répondre.C'etait simplement faux. Karen, Sarah et Louise avaient toutes commencées à porter un soutien-gorge cette année, et elle n'avait qu'une poitrine plate, et une grosseur disgracieuse dans ses culottes. C'était hideux. Elle avait la chair de poule, rien que d'y penser.

 "Ces pilules que tu prends sont juste une mesure temporaire,"continua sa mère. "Elles retardent ta puberté, mais tu ne peux pas les prendre pour toujours." Sa voix devint étrangement douce et calme

"Tu va devoir faire un choix."
"Quel genre de choix?" demanda Faye, les yeux toujours fixés sur le sol. Elle pouvait déjà les sentir se mouiller.

Son père prit le relais: "On peur te donner une autre pilule qui donnera à ton corps les estrogènes qu'il aurait dû produire. Tu deviendrais rapidement comme tes amies, tu sais, avec de la chair sur les hanches, et... " il regarda la poitrine de Faye, incapable d'être si franc envers sa propre fille. "... d'autres endroits." Il changea rapidement de sujet "Mais tu dois faire un pas de ton coté aussi et commencer à manger normalement." 

 Faye leva les yeux vers lui, le regard plein d'espoir. Il était flou derrières ses larmes. 

"Et aussi, tu sais... on a économisé depuis ta naissance. je sais que noël et tes anniversaires étaient un peu pauvres en cadeaux, mais tu pourras avoir une opération pour arranger...." il regarda en direction de son entrejambe. "... tu sais."

"Vraiment?  C'est vrai?" Faye reniffla


"Il y a une autre option," fit remarquer sa mère.





 .......... A SUIVRE! ;)

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