4- Le recommencement

Ainsi donc après avoir réalisée que l'on pouvait être trans sans être Stallone en minijupe ET même, que ce n'était pas grave d'être masculine, que ce n'était pas grave si je préférais les filles , que j'aime les jeux videos ou ma vieille bagnole, qu'est-ce que ça peut bien faire tout ça après tout?
tous ces prétextes que je m'étais mis devant les yeux n'avaient aucun fondement et volèrent finalement en éclat


j'ai juste mis à plat tous mes sentiments passés, mesuré leur évolution, et déduit que ça n'irait pas mieux tout seul, et que finalement il ne tenait qu'à moi de réaliser le vœu que je faisais jusque là à chaque anniversaire, chaque étoile filante, et dont j'ai bien gardé le secret



donc au début de mes 24 ans, en 2006 je cogite, il faudrait que je le dise à ma mère, car je prévoyais que ma décision finisse par se voir, et habitant avec elle, je devrais sortir du secret......
j'ai aussi envisagé disparaître et me refaire une vie ailleurs, sans attaches , pour pouvoir être moi, et pas seulement à ce moment là d'ailleurs mais je me suis dis que "quitte à accepter de tout perdre, autant tenter ici avant , on ne sait jamais..."

après une semaine de tourment qui l'ont d'ailleurs rendue inquiète je finis par cracher le morceau , d'un coté elle à du mal à l'avaler, mais d'un autre coté elle est soulagée, "aaaah, c'était ça!" s'exclame-t-elle
beaucoup de larmes dans nos bras mutuels suivirent, et bien qu'elle aie été avec moi, elle eut beaucoup de mal a accepter, s'apercevant petit à petit, lentement de ce que je comptais effectivement faire, réalisant lentement les implications, alors que je pensais les choses claires, elle me dit par exemple bien des mois plus tard "mais tu comptes te faire opérer?!"

puis réalisant que son petit garçon devenait une grande fille, elle me regarda un moment comme la tombe de son fils, c'est difficile à encaisser surtout pour quelqu'un d''hypersensible comme moi, surtout en pleine thérapie hormonale qui rend encore plus hypersensible....

bref peu après je cherche sur internet les associations plus ou moins locale, sur bordeaux se trouvait mutatis mutandis, pensant devoir entamer mon parcours par un psychiatre, je leur demande s'ils auraient une adresse , ils m'en donneront une,

celle du psy transphobe (et odieux) qui chapeaute tout le transsexualisme sur bordeaux, le sieur Marc Louis Bourgeois , cité dans la section "psys transphobes" du site trans aide que je n'ai découvert que beaucoup plus tard

tantôt paternalisant tantôt moralisateur ce monsieur est assez susceptible et lorsque je lui disais que j'avais du mal à entrer dans une relation de confiance avec lui me répondait "c'est parce que je ne suis pas complaisant", charmante façon de se jeter des fleurs plutôt que d'essayer d'avancer, il à également plusieurs fois oublié mon rendez-vous (je viens de 100kms plus loin) me demandant de repasser après ses patients de la journée, m'a confondu avec d'autres patients (au moins une fois mais combien de fois ne l'ais-je pas remarqué)

bref je me sentais à chaque fois pire en en sortant qu'en y entrant, j'espérai qu'il sache orienter une discussion, poser des questions pertinentes, mais "comment ça va le boulot" et à chaque séance un systématique "votre mère s'appelle comment déjà" ainsi qu'un "quel âge vous avez?" ... réellement à CHAQUE séance, donc chaque mois , m'ont quand même méchamment tapés sur les nerfs.... que j'avais déjà d'assez fragiles , il m'aura fait paumer pas loin de deux ans, à 50 euros la séance et finalement devant mon insistance m'enverra voir une collègue à lui , "plus complaisante" celle-ci, aujourd'hui retraitée me laissera au mains de son collègue sexologue que j'ai beaucoup apprécié, qui m'a , lui, vraiment aidée, comprise, en un mot: sauvée

lui m'a fait comprendre ce qu'on attendait de moi , comment marchait le système etc, certes lui aussi a été maladroit avec des commentaires tels que "mais vous voyez, une fille ça prend soin de soi, et vous, vous avez les mains sèches" qui m'a littéralement foutue sur le cul....

(copyright venus envy ... avant je croyais que ça n'arrivait qu'a moi ..)

mais la fois d'après on en a parlé, je lui ai dit que ce genre de critères, je m'en tapais le coquillard, que je ne voulais pas être jugé sur ce genre de trucs, et que de toute façon toute ma famille avait la peau sèche et que je m'étais justement mis de la crème avant de venir et que donc c'était doublement injuste, mais que même, c'était pas la question : je ne veux pas être jugée sur ces choses ! 

au passage il m'a aussi confirmé l'opinion du milieu vis à vis du professeur bourgeois, son caractère, sa main mise... et m'a dit que les tests psy à 250 euros qu'il m'avait envoyé faire étaient un peu cher payés ... mais au moins j'ai une preuve écrite que je ne présente aucune pathologie mentale, pas de schizophrénie, pas de dismorphophobie, etc la psychologue qui m'a fait passé les tests m'a dit "oui mais ça veut aussi dire pas de transsexualisme non plus"

......

alors si l'on vous dit la même chose: s'il existait un test pour détecter le transsexualisme, je le saurai, et j'aurai commencé par celui-là!


sur internet il existe des tests qui vous disent "êtes vous un garçon ou une fille" tous m'ont dit que j'étais bien une fille, donc je dois mine de rien rentrer dans quelques cases, mais aucun test officiel standardisé ne donne de tel résultat , quand bien même, le résultat dirait si le patient semble féminin ou masculin, mais pas "dans le mauvais corps ou pas" , je veux dire, si l'esprit est sain, mais dans le mauvais corps, alors logiquement les tests psy ne devraient voir que l'esprit sain, point, suis-je logique ?


bref j'ai dû passer une année de plus à re-raconter tout ce que je n'aime pas trop raconter, me faire tirer les vers du nez, mais par quelqu'un de bonne volonté, donc ce n'était pas si douloureux que mon expérience précédente, par contre au bout de ces quelques mois, ce psy m'a dit "bon ben je crois qu'on à fait le tour" mais lui n'est pas psychiatre, seulement psychologue, sexologue, médecin, il me fallait un psychiatre pour attester de mon état, et celle qui travaillait avec lui est partie à la retraite ..... la solution serait.... monsieur bourgeois..... la mort dans l'âme , et certes sous les encouragements de mon gentil psy, je prends rendez vous ....



et ça s'est passé aussi mal que je craignais "mais non , ça va bien se passer" m'avait dit mon gentil sexologue, QUE DALLE ! la consultation s'est déroulée aussi mal que d'habitude, mais j'avais une nouvelle, j'étais "en fille" de façon ostensible ... et quoi de mieux qu'un exemple? le professeur n'a rien dit sur ce sujet précis durant la consultation , je lui ai donné ses 50 euros, et il m'a raccompagnée sur le palier, et choisit cet endroit, ce moment, devant un quidam qui rentrait dans l'immeuble pour pointer ma poitrine du doigt et me demander

"c'est du rembourrage?"

....

"heuu plus ou moins?" lui réponds-je , interloquée ....

"vous feriez mieux de faire de la muscu" 

me répond-il, se retenant probablement de rajouter "fiston"

c'est marrant d'ailleurs , une heure plus tôt, avec mon gentil psy, nous avions parlé de mes complexes, et de ce que je faisais pour les dépasser, j'avais évoqué ma carrure, et je lui avais dit "ah ça par exemple, je risque pas de faire de muscu!" il à souri et dit "je comprend"

2 réactions fort différentes, n'est-ce pas ?

bref la fois suivante, je raconte l'anecdote du rembourrage à mon gentil psy et avec de grands yeux effarés il me dit "oulà... oui je crois que c'est pas la peine d'insister..." et m'envoya chez une autre psy, encore de l'équipe officielle de ce que j'ai appris plus tard...

et ainsi, je recommençai avec une nouvelle psy, à l'hopital charles perrens , la bonne chose, c'est que je ne paie pas :)
la mauvaise chose c'est que je dois tout recommencer , en septembre 2008 je repars plus ou moins de zéro et elle me fait comprendre qu'il ne se passerait rien avant deux ans...... "de plus?" lui demandes-je? sa réponse fut évasive un genre de "moui on va considérer que vous avez un peu vu quelqu'un avant" .....

mais qu'est-ce que je peux dire, elle est sympa, le problème c'est pas elle, c'est le protocole qu'elle est plus ou moins formée à suivre, je l'aime bien mais je n'aime pas l'idée de repartir quasiment à zéro ... une 3eme fois